Château de Bussy-Rabutin (Bourgogne)


Un château en Bourgogne ? Quoi de plus normal, surtout avec les vignobles. Ici, pas de vignobles, mais un château dont toute la décoration intérieure a été faite par un exilé de la Cour, avec nostalgie et amertume.

Cousin de Madame de Sévigné, Bussy-Rabutin écrivait également (il fut nommé à l'Académie Française), mais de manière souvent beaucoup plus "légère". Ayant raillé les moeurs de la Cour lors d'une orgie, il fut exilé par Louis XIV dans son château où sa maîtresse, Madame de Montglas, le rejoignit.


Le château est à l'écart du village, dans un hameau. Il vous faudra peut-être traverser complètement le village pour y aller.
N'hésitez pas à demander aux habitants la direction, quelques panneaux manquent.

Un petit tour à l'extérieur...
Une fois garé, on entre dans la cour par le côté, d'ailleurs le château ne se dévoile pas tout de suite.
A gauche, un vieux pigeonnier en excellent état. A droite, caché derrière les branches, le château. Il faut continuer à descendre un peu pour arriver devant la cour d'honneur. Anciennement château-fort du XIIe, une des ailes a été démolie pour le transformer en château de la Renaissance par les comtes de Rochefort, propriétaires avant les Rabutin.
Les tours ont été transformées en habitation, voire même en chapelle pour celle de gauche. Le logis principal a été aménagé par le grand-père de Bussy, nouvel acquéreur du château, puis par Bussy lui-même, juste avant son exil de 1659.
... avant de découvrir l'intérieur
Bussy-Rabutin traça les plans de l'aménagement des jardins. Il entreprit ensuite de décorer son logis avec toujours un regard sur la Cour Royale dont il était banni. Il fit donc faire des tableaux, chacune des pièces ayant un thème bien particulier.

En entrant dans le château, à gauche, vous trouverez la salle des devises. Le portrait de Bussy-Rabutin en armure (noblesse d'épée oblige) trône sur la cheminée. Tout autour, des peintures de châteaux et monuments occupent la rangée supérieure. En dessous, des devises en latin, mises en peinture, donnent leur nom à la pièce. Une frise avec l'initiale de Bussy entrecroisée avec celle de sa maîtresse, Madame de Montglas, montre bien la passion qui les liait.
A l'étage, le ton a changé. Bussy a eu le malheur d'écrire en 1660 une Histoire amoureuse des Gaules qui, bien que non publiée officiellement, le fait enfermer à la Bastille pendant 1 an : quelqu'un y a ajouté un chapitre sur l'entourage du roi !
Après la prison, quand il revient à nouveau en exil, il est seul. Dans l'antichambre des hommes de guerre, la dernière rangée de peintures, au niveau du sol, témoigne de l'amertume de Bussy après avoir été lâché par celle qu'il aimait : on y voit des peintures où la légèreté de sa maîtresse est raillée à coup de devises en latin.
Au-dessus, des portraits des hommes dont Bussy admire (ou non) les qualités au combat : la taille du cadre et l'emplacement du portrait disent tout ! Et le petit commentaire en dessous fait l'hypocrite. Ou comment mettre Turenne, qui raille les qualités militaires de Bussy, dans un coin tout petit car on ne pouvait pas ne pas le mettre mais surtout qu'il ne croise pas le regard de la peinture représentant Bussy...
La chambre suivante est celle de Bussy. Autour du lit à baldaquin, des portraits de favorites et dames de la Cour. Dans le coin, la Tour Dorée a elle pour thème des légendes mythologiques. La décoration est somptueuse, plafond inclus ! Nous sommes ici dans l'une des anciennes tours du château-fort qui a été ré-aménagée.
Une dernière pièce occupe toute la longueur de la galerie : la galerie des Rois. On peut trouver ici un portrait de tous les rois de Hugues Capet à Charles X, mais aussi des plus illustres des Rabutin. Au bout de la galerie, l'oratoire donne sur la chapelle, qui occupe une autre des tours. On peut la visiter à partir de la cour d'honneur.

Un tour dans les jardins pour finir
Une fois le tour du château fait (nous avons eu la chance d'avoir une visite personnalisée, juste pour nous 7), il faut se balader dans les jardins, se perdre dans le labyrinthe. Même si Bussy avait fait des plans, ce que nous voyons maintenant des jardins date du siècle suivant. C'est la propriétaire d'alors, Geneviève Alexis de Salins, veuve de Marcilly, qui modifie tout l'extérieur, avec notamment des travaux hydrauliques avec un bassin et un grand réservoir.

Ce château fut une jolie étape de notre séjour de Noël en Bourgogne, allez y faire un tour. Prévoyez 1h-1h30 pour la visite guidée, mais la visite libre est aussi possible.

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